jeudi 20 novembre 2008

MAXIMILIEN ROBESPIERRE Le Citoyen et le Démocrate

Jeudi 4 décembre 2008 à 20h30
Salle familiale des Fontaines
8 avenue de Milan TOURS 37200

En partenariat avec le Monde Diplomatique

Avec la participation de Claude MAZAURIC

« Depuis qu’on a assassiné Robespierre, la contre-révolution est faite »
Madame Pommier Boulangère à Paris le 7 janvier 1795

Albert Mathiez
« Pourquoi nous sommes robespierristes ? »
(Conférence prononcée le 14 janvier 1920 à l'Ecole des hautes études sociales)
Etudes sur Robespierre, Messidor, 1988, p.33 et 35


… Nous aimons Robespierre parce qu'il a incarné la France révolutionnaire dans ce qu'elle avait de plus noble, de plus généreux, de plus sincère. Nous l'aimons pour les enseignements de sa vie et pour le symbole de sa mort. Il a succombé sous les coups des fripons. La légende, astucieusement forgée par ses ennemis qui sont les ennemis du progrès social, a égaré et jusqu'à des républicains qui ne le connaissent plus et qui le béniraient comme un saint s’ils le connaissaient. Ces injustices nous le rendent plus cher.
Nous aimons Robespierre parce que son nom, maudit par ceux-là mêmes qu'il a voulu affranchir, résume toutes les iniquités sociales dont nous voulons la disparition. En consacrant nos efforts et nos veilles à réhabiliter sa mémoire, nous ne croyons pas servir seulement la vérité historique, nous sommes sûrs de faire chose utile pour cette France, qui devrait rester ce qu'elle était au temps de Robespierre, le champion du droit, l'espoir des opprimés, l’effroi des oppresseurs, le flambeau de l'univers.
Robespierre et ses amis furent grands parce qu'ils ont compris que leur action gouvernementale, si résolue fût-elle entre leurs mains, serait cependant impuissante à galvaniser les énergies du peuple français, s'ils ne l'associaient pas, ce peuple, directement à l'exécution des lois, par une politique de confiance et de clarté. Il est temps que les hommes d'État, qui ont aujourd'hui la mission redoutable de panser les plaies de la patrie, s'inspirent de leurs exemples….
Nous espérons que du fond de l'abîme que nous côtoyons surgira enfin une démocratie organisée et vivante, une démocratie invincible, parce qu'elle sera juste et fraternelle, cette cité d'égalité pour laquelle Robespierre et Saint-Just sont morts, cette cité de liberté pour laquelle tant de millions d'obscurs héros ont versé à flot leur sang généreux.
Telles sont les raisons, les raisons à la fois lointaines et proches, à la fois scientifiques et pratiques, pour lesquelles nous nous proclamons robespierristes.



LA TETE A LA QUEUE
ou Première lettre de Robespierre à ses continuateurs

« J’ai vécu mes amis ; un voile funèbre me sépare de vous ; je suis jugé dans ces lieux ; le tribunal des enfers dédaignant une politique que j’avais crue conforme à la sienne, n’a point fait mon procès, d’après ma loi du 22 prairial.
Mon plus grand supplice est de traverser chaque jour l’Elisée, où le spectacle du bonheur éternel de mes victimes me fait plus souffrir ici-bas que je n’ai souffert là-haut, les dernières vingt quatre heures de mon existence. Moi, les voir heureux !... et ne pouvoir les faire trembler ! Moi, voir la paix régner quelque part, et n’avoir plus les moyens de la troubler…
….
Peuple si tu veux renoncer à tes droits sacrés, à ta constitution, à ta liberté ; si tu veux te donner des maîtres, si tu crois que je suis coupable de ne pas leur obéir comme une tête de bétail, prends ma vie ; mais je ne dois, ni ne veux être jugé que par toi, toi seul est souverain. »
***
S’il faut en croire Reinhard, lexicographe de la Révolution en 1796, l’expression « faire la queue » se répand en 1794 par allusion aux dernières paroles de Robespierre. Au bourreau qui allait le guillotiner, celui-ci aurait prophétisé : « On me coupe la tête, mais on ne me coupera pas aussi facilement la queue. » Entendez, celle de sa perruque, à laquelle il n’avait pas renoncé. Cette queue désignait métaphoriquement son parti, qui allait venger sa mort. Depuis, selon Reinhard, les rassemblements aux portes des boulangers, qui font file, sont appelés des queues, car on craignait qu’ils soient fomentés par « les débris de la Jacobinière, ou autrement la queue de Robespierre », pour susciter des émeutes. Les historiens désignent par cette expression les cent cinq robespierristes guillotinés entre le 10 et le 18 thermidor.
Quoi qu’il en soit, la « queue » est un parisianisme qui étonne Stendhal, lors de son séjour en 1803 : « Il se forme ici, à la porte des spectacles, les jours qu’ils sont intéressants, une queue, c’est-à-dire une longue file d’amateurs qui prennent leur billet chacun à son tour », écrit-il à sa sœur Pauline, restée à Grenoble. Sans doute l’expression a-t-elle été popularisée par la Révolution, mais malheureusement pour la légende, elle est attestée dans le Moniteur universel avant l’exécution de l’Incorruptible : Dès le 25 mai 1794 (Robespierre est mort le 28 juillet), on dénonce les marchands « comme étant les principaux moteurs des rassemblements qui ont lieu journellement, et connus sous le nom de queues ». La légende a toujours raison : le XIXe siècle connaît sous le nom de « queue de Robespierre » les fanatiques attardés d’un parti moribond.
Aujourd’hui encore, la « queue d’un parti » désigne les derniers partisans d’un grand homme oublié, ou les derniers disciples d’une doctrine désuète.

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